Ordre Martiniste
Premier Degré - Associé
1913
Ouverture
N.B. Aucune Loge ne peut s’ouvrir sans que sept membres
soient présents ; die ne peut se livrer à aucun travail avant que le
Philosophe Inconnu ne soit dans son fauteuil. Tous les travaux, excepté la
collation des degrés, les lectures spéciales, ont lieu dans la Chambre
philosophique.
Les Frères sont rassemblés dans la Cour au
Vestibule.
Le PHILOSOPHE INCONNU, frappant un coup : Mes Frères, pourquoi sommes-nous réunis ?
Le FRÈRE INCONNU : Pour nous
livrer à la recherche des opérations de la Nature, Très Sage.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Tel étant
notre dessein, nous allons nous rendre dans la Chambre d’Instruction. Garde,
approchez-vous et donnez le mot de passe semestriel. Cet ordre est exécuté. Allez
prendre votre place en dehors de la porte de la Chambre d’Instruction et
recueillez le mot de passe des Frères lorsqu’ils entreront. F : : : second
Maître des Cérémonies, appelez les Frères à l’ordre et conduisez-les à
leur place.
Le SECOND MAÎTRE DES CEREMONIES : Attention, mes Frères.
Entrez.
Les FF : : : forment
une seule file. Le Second Maître des Cérémonies les
conduit ; chaque membre donne à voix basse le mot de
passe semestriel au Garde qui stationne en dehors de la porte à la droite des
Frères. Tous les officiers, excepté le Second Maître des Cérémonies
et le Maréchal, restent dans le vestibule.
Les FF : : :
sont conduits à leurs places réglementaires et y
demeurent debout. Tous portent insignes et masques. Quand tout est en ordre,
les Officiers sont annoncés par trois coups donnés par le Maréchal.
Chaque F : : : tourne la pointe de son épée de haut
au bas. Les Officiers, reçus par le Maréchal, entrent
par le Laboratoire dans l’ordre suivant : Le
Maréchal et le Premier Maître des Cérémonies, individuellement,
le Premier et le Second
Introducteurs, ensemble ; le Maître des Sceaux, seul
; les Second et Troisième Assesseurs, ensemble, le Premier
Assesseur, seul, à la droite et devant le
Philosophe
Inconnu qui est suivi par les Economes, ensemble
; l’Expert ferme la procession. A l’Orient, le
Premier Maître des Cérémonies, l’Orateur, le Trésorier,
le Secrétaire, le Maître
des Sceaux et le Philosophe Inconnu prennent
leurs places. Le Président s’assied. Le reste de la procession se tient
au Midi, à l’Occident et au Nord, jusqu’à ce que
tous les Officiers aient gagné leurs places respectives.
Le PHILOSOPHE INCONNU frappe un coup, tous les
membres de la Loge s’asseoient.
Le PHILOSOPHE INCONNU, frappant un coup : Frère
Inconnu, sommes-nous convenablement protégés
contre la curiosité des profanes ?
Le FRÈRE INCONNU, un coup : Frère
Expert, franchissez les accès de la Chambre
philosophiquc, prévenez le Garde que cette Loge va être ouverte au premier
Degré, et recueillez le mot de passe des Frères.
L’Expert frappe cinq coups, les Introducteurs
s’approchent de la place de l’Expert,
et tous trois font le tour de la Loge, l’Expert
recueillant le mot du premier Degré, etc.
L’EXPERT : Les abords de la Chambre sont déserts, les echos
demeurent silencieux, le Garde est à son poste, et tous les Martinistes présents
ont le mot de passe.
Le FRÈRE INCONNU : Donnez-moi
le mot de passe cet
ordre est exécuté.
Le FRÈRE INCONNU, un coup : Les officiers
reprennent leurs places : Très
Sage, nous sommes convenablement protégés.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Frère Inconnu, êtes-vous Martiniste ?
Le FRÈRE INCONNU : Je suis un
Philosophe de l’Unité, Très Sage.
Le PHILOSOPHE INCONNU : A quel
moment les Martinistes commencent-ils leurs Travaux ?
Le FRÈRE INCONNU : Le travail
dun Martiniste n’est jamais interrompu,
Très Sage.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Pourquoi ?
Le FRÈRE INCONNU : Parce que
le but qu’il se propose demande l’usage
constant de ses facultés intellectuelles, excepté pendant les
quelques moments de repos corporel qu’exige la faiblesse de sa nature physique.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Et quand
ont lieu ces moments de repos corporel que nos traditions accordent au Martiniste ?
Le FRÈRE INCONNU : Lorsque le
soleil, manifestation visible de l’Invisible Centre de toute vie et de toute
lumière, répand sur chaque créature sa vivifiante influence.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Quand le
Martiniste est-il alors le plus empressé au travail ?
Le FRÈRE INCONNU : Pendant les heures des ténèbres physiques dans le
profond silence de la méditation, lorsque l’Illumination, pénétrant dans
le Centre même de la Nature, découvre la source de toute nature et de toute
vérité, et s’unit en esprit avec les agents vertueux du Pessome.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Quelle
heure est-il ?
Douze coups sont frappés lentement sur un gong
sonore.
Le FRÈRE INCONNU : Il est
minuit chez les profanes, mais le soleil intellectuel se lève sur cette
assemblée.
Ici le feu du centre est allumé.
Le PHILOSOPHE INCONNU frappe
trois coups ; les Frères se lèvent : Mes
Frères, unis en corps, soyons unis en vie et
en esprit ; invoquons les influences de l’Invisible,
car la lumière visible éblouit nos yeux.
Les Frères, le Conseil excepté, forment un triangle
autour du Pentacle central, la pointe dirigée vers l’Orient ; ils sont
agenouillés et leurs mains sont unies, chacun d’eux donnant à son F : : : de droite la main gauche et à son F : : :
de gauche la main droite, le bras droit élevé et la tête inclinée.
Musique douce.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Viens à
nous, ô Noudo-Raabts !
Le FRÈRE INCONNU : Viens, ô
Ieoschouah Omeros !
Le FRÈRE INITIÉ : Au nom de
Iod-Hé-Schin-Vau-Hé.
Le FRÈRE ASSOCIÉ : Par I. N. R. I., Amen
Silence.
Le PHILOSOPHE INCONNU frappe trois coups
lentement.
Le FRÈRE INCONNU frappe trois coups
lentement.
Le FRÈRE INITIÉ frappe un coup.
La musique cesse ; les Frères regagnent lenternent
leurs places.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Mes Frères, au nom du Suprême Conseil
de l’Ordre Martiniste, je déclare la Loge ... n° ... ouverte en due forme. Ensemble, mes Frères, par le Signe ..., la Batterie ..., l’Acclamation .... Ces
ordres sont exécutés. Deuxième Maître des Cérémonies, prévenez
le Garde. L’ordre
est exécuté.
Demandes d’Initiation
Toutes demandes d’initiation sont adressées par a
poste au Philosophe Inconnu et sont signées par le candidat et deux membres
de la Loge.
Les demandes sont lues à la Tenue mensuelle réguliere
suivante, es noms des candidats étant tenus secrets.
Des Comites d’investigation, composés de trois
membres, sont nommés et prétent l’obligation suivante :
Nous nous engageons sur notre parole d’honneur, qui
est sacrée, à ne pas divulguer les noms des demandeurs, sur la moralité
desquels nous avons mission d’enquêter.
Les noms et adresses des candidats sont donnés aux
Comités dans des enveloppes scellées. Ces Comités ayant, à la Tenue
mensuelle régulière suivante, fourni un rapport détaillé et complet, les
candidats sont scrutinées par les membres. S’ils sont reçus, les demandeurs
en sont prévenus par les signataires de leurs demandes, qui les introduisent
dans la Loge.
Le PHILOSOPHE INCONNU, un
coup : Frère second Maître des Cérémonies,
veuillez vous assurer s’il n’y a pas un candidat qui attend
à l’effet de recevoir les bienfaits des lumières.
Le Second Maître des Cérémonies quitte
la Chambre, après avoir frappé deux coups à la porte. A son retour dans la Loge, il se
dirige au milieu de la pièce, devant le Pentacle, fait le
signe et, s’adressant au Trône, dit :
Très Sage, il y a un candidat pour les lumières.
Le PHILOSOPHE INCONNU : A-t-il été
dûment élu ?
2e MAÎTRE DEs CÉRëMONIES :
II l’a été.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Quelle
preuve en avez-vous ?
2e MAÎTRE DES CÉRÉMONIES : Sa présence
ici, en compagnie de deux
honorables Frères de cette Loge, et la promesse
que voici.
Le PHILOSOPHE INCONNU, un coup : Frère premier Maître des Cérémonies, passez-moi
cette promesse. L’ordre
est exécuté.
Le PHILOSOPHE INCONNU lisant :
Obligation
« Je, soussigné promets solennellement et jure de ne jamais
révéler le nom de mon Initiateur, ni aucune des cérémonies secrètes, ni
aucun des rites, symboles, mots sacrés, mots de passe, signes, ni aucun des
secrets ou mystères de l’Ordre Martiniste à quiconque ne sera pas reconnu
par moi, après examen attentif de son diplôme, comme étant membre de cet
Ordre. Je promets et jure, en outre, d’exécuter promptement les ordres de
cette Loge ou de toute autre Loge dont je pourrais devenir membre, ainsi que
les ordres du Grand Conseil de cette contrée ou du Suprême Conseil, et
d’obéir à leurs délégues. Au surplus, je promets et jure d’observer
les enseignements du Martinisme et de m’efforcer d’en profiter pour la
plus grande gloire de Dieu et de mes semblables. Pour la fidèle observance de
cette obligation j’engage ma parole d’honneur, qui est sacrée, et
j’appose volontairement ma signature ne varietur, au
dit engagement.
Signature ...
Signé : F : : :
Signé : F : : : Cour
de..., Loge ... N°..., de ...
Signé : (Garde)
Ce ... jour ... mois ... an ...
Le PHILOSOPHE INCONNU : Mes Frères,
vous avez entendu la promesse de cet Homme de Désir que vous avez dûment élu
; cependant, si vous avez des objections à faire au sujet de son initiation,
il est encore temps de les présenter ... Frère Orateur, quelles son vos
conclusions ?
L’ORATEUR : Très Sage, je conclus à ce qu’il soit reçu.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Frère
second Maître des Cérémonies, veuillez
faire savoir au candidat qu’il va être reçu selon les Rites et Coutumes de notre Ordre vénérable, et invitez-le à s’y
soumettre de bon coeur.
L’ordre est exécuté. A son retour dans la Loge, le
Second
Maître des Cérémonies va au centre de la salle, devant le Pentacle, et,
s’adressant au Trône, il dit : Très
Sage, votre ordre est exécuté.
Le PHILOSOPHE INCONNU, un coup. Le Second Maître des Cérémonies reprend sa
place. Un coup : Frère Expert, retirez-vous
dans le Laboratoire avec les Frères Introducteurs et préparez le Candidat. L’Ordre
est exécuté. Frères, revêtez-vous des robes et insignes de
notre Ordre afin de recevoir ce Candidat à la Lumière.
Préparation : Le
candidat est dépouillé de ses ornements extérieurs,
son bras droit est mis à nu et les yeux sont bandés.
Réception : On enjoint au Candidat de
frapper comme il lui plait à la porte de la Loge qui est enveloppée d’une
demi-obscurité. Aucune réponse de l’intérieur. Le plus grand silence est
observe dans la Loge. Après quelques instants, le Candidat est contraint de
frapper plus fort et plus longuement, quand soudain, et avant que le Candidat
ne frappe pour la troisième fois, la porte s’agite et s’ouvre toute
grande, et les quatre personnes s’avancent lentement et font
six fois le tour du Centre. Au troisième tour s’engage le dialogue suivant
:
Le PHILOSOPHE INCONNU : Frère
Associé, quelle heure est il ?
Le FRÈRE ASSOCIÉ : L’Orient
rayonne de gloire. Le Soleil se lève. L’oeil du monde va s’ouvrir. la vérité
va paraître.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Frère
Initié, le soleil s’obscurcira-t-il pour les profanes ? Refusera-t-il la
chaleur et la vie aux ignorants ? Ne répartira-t-il pas ses influences
bienfaisantes sur les méchants ?
Le FRÈRE INITIÉ : Le Soleil,
manifestation visible du Centre
invisible de toute vie et de toute Lumière, ne refuse
à personne ses influences astrales, et tout
être crée reçoit un rayon de la substance divine.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Frère
Inconnu, pourquoi la vérité ne serait-elle
pas manifestée ? Pourquoi refuserions-nous de faire participer à son influence l’Homme de Désir
?
Le PHILOSOPHE INCONNU : Le Soleil
se lève ! De même que se dissipent les ombres de la nuit, laissez se déchirer les voiles qui cachent la Divine Vérité.
Le PHILOSOPHE INCONNU frappe lentement trois
coups.
Le FRÈRE INCONNU frappe lentement trois
coups.
Le FRÈRE INITIÉ frappe un coup.
Le dialogue précédent est réglé de façon que le
Candidat commence le 6e tour quand les sept coups ont à frappés.
Arrivant à la place du Frère Associé, le cortège s’arrête, et
le Frère Associé, plongeant le bras droit du
Candidat dans une boite de sable, dit :
Le FRÈRE ASSOCIÉ : « Au
commencement, Dieu créa le ciel, et la terre était informe et vide. »
La procession s’avance, et, à a hauteur du Frère Initié, s’arrête
pour la seconde fois.
Le FRÈRE INITIÉ : « Telles
sont les origines des cieux et de la terre, lorsqu’ils furent
créés, au jour où l’Eternel
Dieu fit la terre et les cieux, et toutes les plantes des champs, avant
qu’il y en eût en terre,
et toutes les herbes des champs, avant qu’elles eussent poussé. Car l’Eternel
Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre, mais une brume s’éleva de la terre Ici
on verse de
l’eau dans la main droite du Candidat, ou bien on plonge son bras dans un
bassin contenant de l’eau
et arrosa toute la surface de la terre. »
Les quatre personnes s’avancent devant le Frère
Inconnu.
Le FRÈRE INCONNU : « Et l’Eternel
Dieu forma l’homme de la poudre de la terre, et il souffla dans ses narines
une respiration de vie ; et
l’homme fut fait une âme vivante. »
Le Frère Inconnu descend de son siège et,
saisissant le Candidat par le bras droit, le place face à l’Orient et le
conduit lentement au centre du Pentacle, en disant : « Et l’Eternel
Dieu plants un jardin dans l’Eden. du côté de l’Orient, et il y plaça
l’homme qu’il avait forme. »
Le Frère Inconnu retourne à son siège, à
l’Occident, et frappe un coup. L’Expert et
les Introducteurs font un pas en arrière du
Candidat.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Aucune
origine n’est supérieure à celle de l’homme, car il est le plus ancien
de tous les êtres de la Nature. Il exista longtemps avant l’apparition des moindres
germes, bien qu’il n’ait été place sur terre que longtemps après eux.
Mais ce qui l’élevait très
haut au-dessus de tous les êtres vivants, c’est que ceux-ci tiraient leur
origine d’un père et d’une mère, tandis que lui, Homme, était issu
directement du souffle divin.
Les fonctions de ces créatures
étaient toutes inférieures aux siennes.
La tâche de l’Homme Divin
fut de combattre les causes du desordre, d’établir sur leurs ruines la
sublime Unité de la Paix ; tandis que le devoir de ces êtres inférieurs fut
d’obéir à l’Homme.
Mais comme ces luttes, avec
des pouvoirs instables, pouvalent être très dangereuses pour l’Homme Céleste,
il fut protégé par une armure impénétrable
Ici, le Candidat est revêtu d’un sac ouvert d’où sortent seuls sa tête
et ses pieds ; il est attaché de façon a l’empêcher de faire de grands pas
dont il pourrait user de différentes manières, et dont il fut chargé de
multiplier des copies en tout conformes à l’original.
En outre, il reçut une lance
faite de quatre métaux réunis dans un alliage si parfait, que, depuis le
commencement du monde, nul n’a jamais pu les séparer
On tend
au Candidat, pour qu’il la saisisse, en dépit de son sac, une petite
baguette, ou une épée flamboyante, ou quelque chose représentant une
lance. Cette lance avait le pouvoir
de brûler comme le feu lui-même ; elle était si effilée, que rien ne lul
était impénétrable, et si agile, que toujours
elle frappait à deux places dans le même
temps.
Ces avantages, ajoutés à
d’autres dons nombreux, rendaient l’homme puissant et formidable.
C’est dans ce lieu de délices,
séjour du bonheur de l’Homme et trône de sa gloire, qu’il aurait été a
jamais heureux et invincible : car, ayant reçu l’ordre d’en occuper le
Centre, il pouvait, de là, observer en sécurité tout ce qui se passait
autour de lui, et ainsi « voir » toutes les ruses et tous les mouvements de ses
adversaires, sans que ceux-ci le découvrissent jamais.
Aussi longtemps qu’il
occupa la place que Dieu lui avait assignée. l’Homme conserva sa supériorité
naturelle et jouit d’une paix et d’une félicité incompréhensibles aux
hommes de notre condition actuelle.
Silence : Le Candidat est doucement éloigné du
centre et conduit hors du Pentacle.
Mais à peine eut-il quitté
le Centre, où les forces sont parfaitement équilibrées, qu’il cessa
aussitôt d’être le Maître ; un autre agent fut envoyé pour occuper sa
place, et l’Homme tomba dans le tourbillon des forces fatales.
A ce moment, les Frères s’élancent en confusion
hors de leurs places, imitant toutes sortes de bruits, sifflant, criant,
frappant sur les lames de leurs épées comme pour simuler in combat ;
l’orgue fait entendre ses notes les plus basses on simule le bruit du
tonnerre au moyen
de pierres roulant sur un plan incliné, etc., etc. On
fait tournoyer rapidement le Candidat et on l’arrête an pied du trône du Philosophe
Inconnu, qui reprend son discours :
Alors l’Homme, ayant été dépouillé
ignominieusement de ses droits, fut précipité dans la région des pères et
des mères, où, depuis, il resta toujours pauvre et déchu,
dans la souffrance et l’affliction, mêlé aux êtres inférieurs de la nature, et constamment
en proie aux vices les plus abjects, aux plus hideuses passions.
Ici on enlève le bandeau qui
recouvrait les veux du
Candidat, lequel aperçoit autour de lui, parmi
des flammes rouges et vertes, les Frères le menaçant de leurs épées ;
quelques-uns portent des masques hideux, mais non grotesques ; tous somblent
préts à tuer le Candidat. Peu d’instants après, le bandeau est replacé
sur ses yeux, et le Philosophe Inconnu poursuit :
Il est à peine
possible d’imaginer une condition plus pitoyable et plus triste que celle de l’Homme malheureux, au moment
de sa chute. Non seulement il avait perdu
cette invincible lance à laquelle aucune puissance ne pouvait resister, mais
aussi cette merveilleuse armure qui le protégeait
s’évanouit On enlève
le sac qui recouvrait
le Candidat et fut remplacée par une autre qui, n’étant pas impénétrable comme la première, devint pour lui une source de
continuel danger ; de sorte que, ayant toujours, comme au commencement, les mêmes
ennemis à combattre, il fut infiniment plus exposé à leurs coups.
Cependant, en le punissant
ainsi, le Père ne désira pas retirer tout espoir à sa créature déchue
et l’abandonner entièrement a la fureur de ses ennemis.
Ému par le repentir et la
honte de l’Homme, il permit que, par des efforts bien dirigés, l’Homme pût
recouvrer sa condition première de bonheur, mais seulement après avoir recouvré
la possession de la lance perdue qui avait
été confiée à l’Être
par lequel l’Homme avait été chassé du Centre de l’Univers.
A ce moment. le Candidat est placé face à l’Occident,
son bandeau est enlevé et le Néophyte voit devant lui, soit une haute
colonne de feu s’élevant du Centre du Pentacle, ou soit ue Soeur vêtue
d’une robe blanche et or, pour figurer un Chérubin, et brandissant une épée flamboyante ou
lançant la foudre vers le Candidat. Le bandeau est replace et le Candidat
fait de nouveau face a l’Orient. Le Philosophe Inconnu continue : C’est donc à la recherche de cette arme
incomparable que sont engagés les hommes depuis la chute de l’Homme Céleste
: et ils
poursuivent chaque jour cette longue et triste recherche, parce que c’est du
recouvrement de cet objet perdu que dépend leur réintégration
dans leurs premiers droits et qu’ainsi us jouiront de nouveau des prérogatives
et des faveurs auxquelles ils étaient destinés.
Vous ne devez pas être
surpris devant les nombreuses ressources laissées à l’homme malgré sa désobéissance
; c’est la main d’un Père qui l’a châtié, mais c’est aussi le coeur
d’un Père qui veille sur lui, même quand la justice condamne la créature
déchue à être bannie de la présence de son Créateur. Car la place d’où
vient l’Homme est disposée avec une telle sagesse, qu’en retournant sur
ses pas et en suivant les mêmes routes qui l’ont égaré, il est certain de
regagner son rang primitif investi à nouveau de tout ce dont il a été dépouillé
et de se retrouver dans ce point central où, là seulement, il est capable de
posséder quelque puissance et de jouir de quelque repos.
Telle est l’histoire allégorique
de l’origine de l’Homme et de sa dégénération lorsqu’il manqua d’obéissance
à la Loi primitive, à la Loi de l’Unité, à la Loi de
Dieu.
Par ce tableau, nous avons
essayé de vous conduire à la source de toutes les faiblesses et de tous les mieux
de l’Humanité, et nous vous avons indiqué — mystérieusement, il est vrai — les moyens de les surmonter et de les vaincre.
A présent, vous allez être
reconduit au Laboratoire. Reprenez vos vêtements et accompagnez l’Expert à la Chambre
Philosophique d’ Instruction.
Le Candidat est reconduit au
Laboratoire, puis ramené dans la Loge, mais par la chambre du Garde ou la
Cour.
Pendant son absence de la Loge, les
Economes
ont disposé l’autel au pied du Trône, allumé les
Flambeaux et placé la Charte du premier Degré à la place Occupée par le Maître
des Cérémonies qui maintenant, se tient debout à
la droite du Philosophe Inconnu. Vis-à-vis
de l’Autel est placé un Trône pour le Candidat.
La Chambre se trouve dans tine demi-obscurité ; point
de lumière à l’Orient, en dehors des
trois flambeaux alllumés : la table de l’Orateur
est éclairée seulement par une
lanterne sourde.
L’Expert et le Candidat sont à la porte de la
Loge ; l’Expert frappe
sept coups.
Le DEUXIÈME MAÎTRE DES CÉRÉMONIES : Très
Sage, il y a alarme à la porte.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Prêtez
attention a cette alarme.
Le DEUXIÈME MAÎTRE DES CÉRÉMONIES : Qui est là
?
Le GARDE : Le Frère Expert avec un Néophyte qui, ayant été initié,
desire recevoir maintenant l’instruction du Premier Degré du Martinisme. Le
Maître des Cérémonies
ferme le guichet et rapporte la réponse.
Le DEUXIÈME MAÎTRE DES CÉRÉMONIES : Très
Sage, l’alarme est causée par le Frère Expert, accompagnant un Néophyte
qui, ayant été initié, cherche maintenant à acquérir de nouvelles
lumières dans le Premier Degré du Martinisme.
Le PHILOSOPHE INCONNU : Si le Néophyte
déclare sur son honneur que, non influencé par une malsaine curiosité il
est uniquement poussé par un fort désir de s’instruire faites-le entrer.
Les portes de notre Sanctuaire sont ouvertes toutes grandes à l’Homme
de Désir.
Le DEUXIÈME MAÎTRE DES CÉRÉMONIES au
Néophyte : En faisant votre demande, déclarez-vous
sur votre honneur que vous n’êtes pas influencé par une malsaine curiosité,
et que vous êtes uniquement poussé par le désir de vous instruire ?
Le Néophyte, au deuxième Maître des Cérémonies
: Je le déclare.
Le DEUXIÈME MAÎTRE DES CÉRÉMONIES
: Entrez
donc. Les portes de notre sanctuaire sont ouvertes toutes grandes à l’Homme
de Désir.
L’Expert et le Néophyte
pénétrent dans la Chambre d’Instruction et sont
conduits devant le Trône par le Second Maître des Cérémonies.
L’EXPERT : Très
sage Philosophe Inconnu, j’ai l’honneur de vous présenter un digne Néophyte
qui, après avoir été choisi et initié selon les règles, cherche
maintenant à recevoir l’Instruction du Premier
Degré du Martinisme.
Le Philosophe Inconnu adresse alors
au Néophyte quelques paroles de
bienvenue et l’invite à méditer profondément sur la mystérieuse
signification des impressionnantes cérémonies de sa réception dans une Loge
Martiniste. Après avor attire son attention sur le fait que la vérité doit
être déduite d’une comparaison minutieuse entre les instructions qu’il
est sur le point de recevoir et les cérémonies mystiques, le Philosophe Inconnu conduit
en faisant observer au Néophyte que « le
désir de savoir n’implique pas toujours la volonté d’acquérir »,
et que si beaucoup sont appelés,
peu sont élus.
Le PHILOSOPHE INCONNU, un coup. Le Néophyte est
assis : Frère Orateur, je vous prie d’adresser la parole au Néophyte.
Observation. —Il est du devoir de
l’Orateur d’expliquer les symboles de l’Ordre en termes appropriés au
degré d’instruction du Néophyte et de développer son discours conformément
au caractère du rapport du Comite d’investigation et aux qualités
intellectuelles du Candidat Cependant, la conférence doit comprendre
l’adaptation du Symbolisme aux trois mondes de la Kabbale : Dieu. l’Homme
et la Nature —l’Orateur
insistant particulièrement sur le sujet préféré par le Néophyte, soit
Religion, Morale ou Science. Les Instructions suivantes, il n’est pas besoin
de le dire, ne sont pas nécessairement confides à la mémoire
ni présentées toutes à chaque Candidat l’Orateur est libre de donner, sur
tel ou tel sujet qu’elles contiennent, tout developpement qu’il peut juger
propre au plus grand avantage du Néophyte et des membres de la Loge.
Discours de l’Orauteur
Le Symbolisme
Le langage direct est
incapable d’exprimer pleinement et complètement les pensées. S’il répond
aux besoins immédiats de l’Homme, il est néanmoins insuffisant pour présenter
en un grand ensemble une idée avec ses développements, ses corollaires et
ses analogies. De même que les sentiments et les passions sont mieux décrits
par les langages immatériels qui s’adressent directement au coeur, comme la
musique et la peinture, de même les conceptions métaphysiques sont mieux développées
et plus complètement exprimées par les allégories et les figures matérielles
appelées symboles.
Un drame, lu dans un cabinet
de travail, ne peut produire l’effet terriflant — Si grandes
que soient l’imagination du lecteur et son expérience en matière
dramatique —de son interprétation par des acteurs complètement pénétrés
de leurs rôles ; car, à la lecture, l’esprit, le principe vital du drame,
ne peut pas empiéter sur la lettre, ni même se manifester par le moyen de la
lettre.
Dans chaque idée, qu’elle
soit exprimée par la parole ou par l’écriture, il est nécessaire de
considérer la forme et le motif premier, la lettre et l’esprit,
l’enveloppe matérielle et l’essence spirituelle, ou, suivant le langage
des Mystères, l’exotérisme et l’esotérisme.
Le Langage direct et précis
ne peut rendre une pensée que dans sa forme extérieure et incomplète.
la nature grossière et indocile de nos langues occidentales, combinée avec
la rigidité de notre système alphabétique représentant non des idées,
mais seulement des sons, empêche entièrement l’essence de la pensée de
s’ouvrir un chemin à travers la pure succession de mots constituant ce
qu’on appelle une phrase grammaticalement construite.
Les anciens philosophes
orientaux comprenaient parfaitement cela et donnaient par consequent à leurs
discours une portée plus grande : car, non seulement leurs paroles avaient un
sens strict et littéral, mais encore et surtout elles avaient un
sens figuré. Ils imageaient richement leur langage, et parlaient en
apologues, fables et paraboles, dirigeant ainsi les méditations de leurs
auditeurs vers une source inépuisable d’applications religieuses et
scientifiques.
De plus, leur écriture était
également imagée, et les Egyptiens, nos anciens Maîtres, donnaient trois
principales interpretations à chacun de leur caractères graphiques. Outre
leur valeur phonétique, ces caractères avaient un sens symbolique ou hièroglyphique
et un sens sacré ou hièratique.
Le langage sacré des
Kabbalistes, sur la philosophie desquels reposent les enseignements de la
Franc-Maçonnerie en général et du Martinisme en particulier, était l’Hébreu.
Une lettre, en Hébreu, avait : 1° une valeur
phonétique ; 2° une valeur
numérique ; 3°
elle représentait une idée positive, quand elle était seule ; 4° une idée relative, lorsqu’elle était accompagnée
d’autres lettres ; enfin, 5° elle avait
un pouvoir effectif et talismanique, combinant tout de suite la pensée, la
parole et l’action.
Un simple mot de la langue
sacrée renferme en lui-même un sujet inépuisable de méditations qui ne
sauraient trouver place dans des volumes écrits au moyen de nos caractères
graphiques, directs et mathématiques, signes dépourvus de sens, étranglés
au milieu d’une orthographe barbare et dune syntaxe tyrannique.
Pour comprendre les Mystères
de l’Antiquité et perpétuer l’ancienne Sagesse, le recours à leur
Symbolisme est nécessaire ; ce fut le premier langage de l’homme, ce sera
aussi le dernier, car, comme dans le cercle formé par un serpent se
mordant la
queue, la fin des choses se confond avec leur origine et ainsi l’Humanité
ne meurt jamais que pour se survivre à elle-même.
Ceci est le premier et sera
le dernier Symbole du Martinisme, institution qui représente aujourd’hui
les anciennes écoles de philosophie. Cet Ordre communique ses enseignements
par le moyen de la méthode éminemment intellectuelle de l’analogie, qui
est la seule voie conduisant à la comprehension de la nature abstraite de
Dieu, de l’Homme et de l’Univers.
Suivant les Traditions de nos
anciens maîtres, les Egyptiens, les Chaldéens, les Platoniciens et plus spécialement
les Kabbalistes, nous croyons que toutes les lois de la création sont
identiques et peuvent être réunies dans un grand et unique Principe, appelé
l’Absolu, qui gouverne avec une égale régularité les phénomènes de la
nature, les pensées et les actions de l’Homme, et la puissance créatrice
de Dieu.
Cest pour la recherche de
l’Absolu, autre dénomination de ce que nos Frères Hermétiques appelaient
la Pierre philosophale, qu’on engage les Martinistes à méditer avec
patience sur les beaux symboles qui vont vous être expliqués.
Les Luminaires
Voyez ces Luminaires, disposés
en triangle et qui reposent sur des couches de différente couleur, rouge et
noire. Ils symbolisent
De même
qu’une seule et unique Lumière émane de trois Luminaires différents, de même
une seule et unique Vérité émane de sources différentes et en apparence
opposées.
Dans ce Symbole, l’Initié
sait reconnaître la Religion, toujours la même sous les cultes multiples qui
la traduisent aux profanes.
Il n'y a qu’une Religion,
comme il n’y a qu’une Vérité, et aucun Culte, qu’il se nomme
Brahmanisme, Bouddhisme, Catholicisme, Judaisme ou Islamisme, ne peut
s’attribuer le monopole à l’exclusion des autres Cultes. C’était là le fond
des initiations antiques, — mystères de Memphis, d’Eleusis, de Mithra, etc.
Tout prêtre d’un ancien
Culte était un Initié : c’est-à-dire qu’il comprenait parfaitement
qu’une seule Religion existait et que les différentes formes de Culte ne
servaient qu’il traduire cette Religion aux différents peuples, selon leurs
temperaments particuliers. Comme résultat important de ce fait, le prêtre
d’un Dieu pouvait être honorablement reçu dans les Temples de tous les
autres dieux, et autorisé à leur sacrifier. Il ne faut pas penser, cependant, que
cela fût dû à la doctrine ou à l’idée du Polythéisme : le Grand-Prêtre
des Israélites reçut dans le Temple un Initié, Alexandre le Grand, et le
conduisit dans le Saint des Saints pour offrir un sacrifice (Papus, Le Tarot).
Nos querelles religieuses
pour la suprématie d’un Culte sur un autre auraient beaucoup amusé un
ancien Initié et l’auraient rempli de mépris pour notre ignorance et notre
mauvaise foi. Le but de la plupart des Sociétés secrètes est, par le moyen
des hommes d’intelligence, de rétablir cette union, cette tolérance, parmi
les membres de la famille humaine.
Songez à l’immense progrès
que ferait accomplir à la marche des peuples vers la Perfection cette
Communion Universelle des prêtres de tous les Cultes, et vous comprendrez
alors la grandeur de l’idée que nous poursuivons.
De même que la Foi, la
Science doit voir l’Unité sortir de la Diversité par la synthèse
scientifique, concilliant enfin, d’une manière rationnelle, le Matérialisme
et l’Idéalisme.
L’Orateur qui s’adresse à un Néophyte bien au
courant de la science petit ici disserter sur les vérités et les erreurs des
écoles modernes de philosophie.
Hiérarchie
Les Luminaires reposent sur
des couches de différente couleur comme un emblème du vrai principe de Hiérarchie,
qu’on retrouve à l’origine de toute organisation. la Hiérarchie est ici
figurée par les luminaires eux-mêmes, et la lumière, représentée par les
couleurs rouge et noire, s’atténue à mesure que l’on descend.
HIÉRARCHIE |
SOCIALE* |
SCIENTIFIQUE* |
RELIGIEUSE* |
Luminaires Rouge Noir |
Exécutive Législative Judiciaire |
Maître Disciples Éléves |
Dieu Prêtres Croyants |